Nous sommes 10 millions à parler le français au Canada. Pourtant, plusieurs hésitent à s’exprimer dans cette langue par peur d’être jugés sur leur accent ou les mots qu’ils utilisent. Nous, membres du Groupe de travail sur la sécurité linguistique (Groupe de travail), déclarons aujourd’hui qu’il faut agir pour que tous les individus qui connaissent le français puissent s’exprimer avec sécurité et confiance dans cette langue.
L’avenir de la francophonie repose sur notre capacité à définir et mettre en œuvre des solutions novatrices et inclusives.
La Stratégie nationale pour la sécurité linguistique : un projet de société
La Stratégie nationale pour la sécurité linguistique (SNSL) (https://snsl.ca/) dévoilée le 20 mars 2020 par la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie est l’aboutissement d’un processus de réflexion et de consultation. La Stratégie a comme point d’ancrage trois postulats :
- Renforcer le sentiment d’appartenance, la confiance et la résilience linguistique partout au Canada;
- Sensibiliser les Canadiens et Canadiennes à la diversité culturelle, régionale et langagière de la francophonie canadienne;
- Appuyer et outiller les francophones qui voudront mener une démarche personnelle visant à bâtir leur confiance et leur résilience linguistique.
L’action collective, une nécessité
Sous le leadership des jeunes, le Groupe de travail tient à exprimer haut et fort la nécessité de remettre en cause le statu quo pour entamer un processus transformateur au sein de notre société.
Le Groupe de travail invite les citoyens et les citoyennes, les entreprises, les organismes sans but lucratif, les institutions et les gouvernements à tout mettre en œuvre afin de rassembler les conditions gagnantes pour tous ceux et toutes celles qui parlent le français au pays puissent s’exprimer avec confiance dans cette langue.
Les avenues sont multiples entre autres en éducation, sur le marché du travail, dans le domaine de la culture et des médias et au niveau des politiques publiques.
Consolidons la confiance au sein des espaces de vie en français et au sein des établissements d’enseignement, de la maternelle au postsecondaire
Il est primordial d’assurer un accès à l’éducation en français de qualité partout au pays pour tous ceux et celles qui le souhaitent, et ce, de la petite enfance au postsecondaire.
Il faut multiplier et renforcer les liens entre l’école et les autres espaces de vie en français afin de permettre l’intégration de modèles francophones accessibles.
Les occasions de prises de parole sécuritaires et valorisantes visant à bâtir la confiance et la résilience des apprenants et apprenantes doivent être multipliées et les parents doivent être outillés afin de les accompagner dans ce processus. Ceci leur permettra d’apprendre à naviguer entre les différents registres de langue, tous aussi légitimes les uns que les autres selon les contextes.
La confiance linguistique doit demeurer une préoccupation au-delà de l’école afin de pleinement bénéficier des efforts investis par les apprenantes et les apprenants, de même que celles et ceux qui ont cru en eux.
L’offre active en français, pour que la sécurité linguistique soit l’affaire de tous
Bien des jeunes désirent travailler en français une fois leur diplôme en poche. Malheureusement, cela n’est pas toujours possible.
Il faut encourager les entreprises à accroitre leur capacité d’offrir des services en français à travers la mise en place de mesures incitatives.
De plus, tous et toutes ont le devoir de réclamer des services en français, ce qui, à la longue, permettra aux entreprises de réaliser que l’offre active de services en français contribue à la satisfaction de la clientèle et à l’expansion de l’entreprise. Cela aura aussi pour conséquence d’accroitre la disponibilité des emplois en français dans un contexte où les habiletés linguistiques de l’équipe constitueront un atout monnayable pour l’entreprise et un facteur de satisfaction pour les employés.
L’importance de se voir et de se reconnaitre en culture et dans les médias
La sécurité linguistique doit être cultivée en dehors de la vie scolaire puis professionnelle, notamment en permettant aux gens d’accéder à du contenu médiatique et culturel qui leur parle dans une langue qui leur ressemble. Les contenus et les expériences mettant en valeur les collectivités de la francophonie canadienne en situation minoritaire, ses artistes, ses accents et ses réalités devraient mobiliser les acteurs de manière à en stimuler l’accès.
À leur manière, les artistes agissent comme ambassadeurs et ambassadrices de la langue et promoteurs des différents accents. La culture est le cœur battant de la francophonie canadienne. Les spectacles, festivals, publications et expositions des artistes et organismes artistiques francophones marquent chacune une occasion de rassemblement et de rapprochement autour du fait français. Lire en français, écouter un balado ou syntoniser une émission ou un film qui émane de nos collectivités, reconnaitre un accent de chez-nous à la radio, à la télé ou sur le web nous rapproche, renforce notre sécurité linguistique et notre appartenance à une communauté sans frontières.
Pour toutes ces raisons, nous estimons qu’il est impératif que le Canada se dote d’une véritable politique de développement culturel durable comprenant la lentille des communautés francophones en situation minoritaire. Un tel cadre d’envergure nationale permettrait de mieux tonifier, soutenir et promouvoir les arts et la culture dans une perspective durable pour la francophonie canadienne, structurant du même souffle l’action diplomatique culturelle à l’étranger.
Des garanties juridiques pour se sentir en sécurité, le rôle des politiques publiques
Il est sans équivoque que l’insécurité linguistique découle, entre autres, du statut qu’occupe une langue dans l’espace public et politique et de la perception qu’ont les locuteurs et locutrices de ce statut. Depuis l’adoption de la Loi sur les langues officielles (LLO) en 1969, le français jouit d’une place toute particulière qui lui confère une reconnaissance symbolique, juridique et politique au Canada. Toutefois, bien des changements sont survenus au cours des cinq dernières décennies.
La partie VII de la Loi sur les langues officielles impose aux institutions fédérales d’adopter des mesures positives pour appuyer l’épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Il nous apparaît fondamental de moderniser cette partie de la Loi pour que de telles mesures soient prises de façon systématique, dans le but de favoriser une prise en charge par la francophonie de son propre développement.
Non seulement l’instauration d’un cadre législatif revu est-il nécessaire, sa mise en œuvre est d’autant plus essentielle. Il importe de confier la responsabilité de la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles à une agence centrale du gouvernement en explicitant les rôles et responsabilités des diverses instances fédérales dans son application en confirmant les répercussions pour toute instance publique qui manquerait à ses devoirs en vertu de cette Loi.
Cette démarche doit être entamée sur le plan fédéral. Toutefois, il ne faut pas négliger l’impact de la consolidation et de la bonification des lois et mesures qui appuient la sécurité linguistique aux paliers provinciaux, territoriaux et municipaux, notamment à travers une stratégie intergouvernementale de promotion et de mise en valeur des langues officielles tant au Canada qu’à l’étranger.
Travaillons ensemble!
Sous le leadership de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), l’Association canadienne d’éducation en langue française (ACELF), l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE), la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), le Réseau des cégeps et des collèges francophones du Canada (RCCFC), la Commission nationale des parents francophones (CNPF) et la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) se sont engagés, dans le respect de leur mission respective, à la mise en œuvre de cette Stratégie nationale pour la sécurité linguistique.
Ensemble, ils vous invitent à vous joindre à eux et à y apporter votre contribution!
Visitez le snsl.ca afin d’en apprendre davantage sur les stratégies et les pistes d’action que vous pouvez mettre en œuvre dès aujourd’hui afin de propulser cette initiative visant à rallier la francophonie.
Vous connaissez des ressources contribuant à la sécurité linguistique?
Écrivez-nous au snsl@fjcf.ca
C’est avec plaisir que nous partagerons comment y accéder ici!